mercredi 7 août 2013

Interview d'Elisabeth Zetland, community manager de MyHeritage : " La généalogie est une quête de longue haleine."






   Comme vous pourrez le constater, je stoppe ma pause estivale un petit moment pour vous livrer l'interview de la délicieuse Elisabeth Zetland qui a bien plus l'habitude d'interviewer que d'être interviewée. Venez découvrir celle qui nous a fait découvrir avec plaisir et bonheur tant et tant de personnalités généalogiques.

1- Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis docteur en Histoire médiévale. Après une dizaine d'années dédiées à la recherche universitaire, j’ai eu envie de bousculer un peu ma vie. J'avais cependant besoin de rester connectée avec ce qui m’intéresse : l’histoire en général et l’histoire familiale en particulier, d'où ma présence chez MyHeritage.

2- Comment avez-vous découvert la généalogie et comment est-ce devenue une de vos passions ?

Je suis née en Gascogne, dans le Gers, où une bonne partie de la population est d’origine italienne, et plus précisément d’origine vénète. Déjà adolescente, mes origines italiennes m’interpellaient. Cela me semblait tellement exotique ! Ma grand-mère parle encore aujourd’hui un français fleuri de mots de son dialecte natal. Je lui posais mille questions et elle était intarissable. Heureusement j’étais déjà méthodique car j’ai rempli ainsi de longues pages de notes qui me sont très précieuses aujourd’hui. Elle a eu 99 ans en mars dernier et elle reste la mémoire de mon histoire familiale italienne.
Ensuite, j'ai commencé à m'intéresser au côté maternel, ce qui me fut facilité par les recherches d'une grand-tante qui a effectué un énorme travail. Elle m'est d'ailleurs d'une aide d'autant plus précieuse aujourd'hui que les archives du Gers ne sont pas encore en ligne.
De ce côté-là, je me concentre actuellement sur un de mes arrière-grands-pères, soldat de la Première Guerre mondiale, et sur son fils, mon grand-père maternel, qui fut prisonnier de guerre en Allemagne pendant la Seconde.

3- Parlez-nous de votre travail chez MyHeritage.

Comme je l'ai déjà mentionné,  je suis passée du monde universitaire au monde de l'entreprise, mais je devais garder un fil conducteur. Je lisais le blog de MyHeritage avant même de rejoindre l’équipe et j’ai eu la chance de passer du statut de lectrice à celui de rédactrice.
Travailler à MyHeritage, cela signifie se lever chaque matin avec entrain et aller au bureau d'un pas léger. Vous l'avez compris, j'adore mon travail. MyHeritage c'est vraiment comme une famille, et quand on est passionné de généalogie, s'en occuper toute la journée, c'est un vrai plaisir !

4- Comment choisissez-vous d'interviewer telle personne plutôt que telle autre ?

En ce qui concerne les généablogeurs, à l’envie tout simplement. Je n’ai pas un planning bien défini à ce sujet, c’est vraiment au gré de mes lectures que je choisis au fur et à mesure de contacter un blogueur. Jordi Navarro, Sophie Boudarel, et Clément Bècle furent les premiers car je les lisais avec plaisir. Le plaisir, c’est bien le mot d’ailleurs. J’ai lu Gloria Godard avec ravissement ; la réaction chaleureuse et enthousiaste des gens lors de la publication de son entretien ne m’a pas surprise.
Pour les autres, c’est également au gré de mes rencontres. Pour citer un exemple, il y a quelques mois je me suis rendue à la librairie de la Voûte (à Paris) pour interviewer Gilles Prévôt. À la fin de l’entretien, Marcel Andrieu, le président de Cantal-Liens est entré dans la librairie. Nous avons commencé à discuter et quelques jours plus tard, nous avions rendez-vous pour son entretien. 

5- Au niveau de votre généalogie personnelle, avez-vous des anecdotes ou des histoires intéressantes à nous raconter ?

Je me rends compte maintenant que je suis du côté de la personne interviewée que ce n’est pas une question facile ! Je n’ai pas fait de découverte bouleversante, mais mon parcours généalogique est parsemé de petites découvertes qui enrichissent mon histoire familiale.Une petite anecdote, une nouvelle photo ou information, tout est important et a une valeur propre pour le généalogiste. Il y a quelques mois, j’ai eu la chance de découvrir les passeports italiens de mes grands-parents. Celui de ma grand-mère fut une source de frustration : la photo a disparu. C’est d’autant plus dommage que les photos d’elle à cette époque sont rares.
En voyant les photos du passeport de mon grand-père, j’ai été transporté dans mon enfance. Il est décédé lorsque j’avais 12 ans, et j’ai gardé le souvenir de ses yeux bleus qui étaient tellement clairs que j’avais l’impression de regarder l’eau d’une piscine. Voir ses yeux si clairs sur sa photo m'a redonné la même sensation des années après. La généalogie est faite de toutes ces petites et grandes émotions.

Photo : les 2 photos sur le passeport italien de mon grand-père paternel


 Tout récemment je me suis concentrée sur l'histoire familiale de mon mari, dont les parents sont américains. Dans la famille de sa mère, on raconte l'histoire de cette grand-tante qui  voulait faire croire que la famille venait d'Allemagne, et non de Pologne, car l'immigration allemande était mieux considérée. Et puis finalement, assez vite, à la stupéfaction générale, j'ai découvert que cette branche était effectivement d'origine allemande. J'ai pu déterminer d’où et quand sa grand-mère paternelle avait immigré, et je suis en train de reconstruire la branche de son grand-père paternel qui avait de nombreux frères et sœurs. J'utilise principalement deux bases complémentaires : une centaine de vieilles photos et SuperSearch de MyHeritage. Lorsque mon beau-père m'a parlé d’une centaine de photos et de documents, j'ai pensé qu'il exagérait, mais c'est bien le cas, et je suis encore en train de les passer en revue une par une, de déchiffrer les écritures, et d'agrandir l'arbre au fur et à mesure !

Photo : une photo des archives familiales de mon mari, au centre de mes recherches actuelles


6- Un dernier mot pour les lecteurs du blog ?

Pour ceux qui se posent des questions sur leur histoire familiale, je voudrais leur dire de ne pas attendre. Je vois trop de personnes qui en parlent, qui ont envie d'avoir des réponses, mais qui mettent du temps à sauter le pas. Et alors les regrets fusent, du genre 'ah si j'avais interrogé ma grand-mère' ou 'mon père devait le savoir'. La généalogie est une quête de longue haleine. Il faut commencer chez soi en interrogeant les aînés; ils sont la mémoire de notre histoire familiale. En général, ils adorent raconter leurs souvenirs. Il faut en profiter tant que c’est possible !


Merci à Elisabeth pour sa gentillesse et sa sympathie

2 commentaires:

  1. Je sors mon nez de sorcière de mes vacances pour lire cet article. Merci Grégory pour cet entretien ! Nous sommes nombreux à avoir senti la sensibilité, la douceur et le professionnalisme d'Elisabeth Zetland, lors de nos rencontres virtuelles.
    Il est très agréable d'en savoir un peu plus sur vous Elisabeth. Et pour ma part, je vous remercie d'avoir permis la mise en mots d'un parcours modeste, dilettante. L'exercice en effet n'est pas si facile. Mais la diversité des expériences auxquelles vous donnez la parole est un bel encouragement.
    Amicalement à tous les deux !

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    1. Bonjour Gloria,
      Merci pour ce commentaire. Elisabeth que j'ai eu la chance de rencontrer en chair et en os au congrés de généalogie a Marseille méritait, selon moi, une mise en lumiére. C'est chose faite (-:

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